La spiritualité de Nietzsche

SOCRATE : " Celui donc qui prétend laisser l'art consigné dans les pages d'un livre, et celui qui croit l'y puiser, comme s'il pouvait sortir d'un écrit quelque chose de clair et de solide, me paraît d'une grande simplicité, et vraiment il ignore l'oracle d'Arumon, s'il croit que des discours écrits soient quelque chose de plus qu'un moyen de réminiscence pour celui qui connaît déjà le sujet qu'ils traitent. "

Platon - Phèdre 275 d

Assurément Nietzsche était Socratique sur ce point là.
Comme tout le monde a notre époque chez les chercheurs indépendants.
Moi même j'ai dut mettre au moins trois semaines a comprendre tout seul.

Merci pour ces citations de Nietzsche.

Étant assez jeune, je l’avais lu mais je n’avais pas compris grand chose

Oui merci a ceux qui connaîtraient Nietzsche de me faire découvrir sa spiritualité.
Car du peu que je l'ai lut je n'ai pas put continué a cause d'un truc qui m'avait agacé.
En gros, dans ce que j'ai essayé de lire de lui ( j'ai oublié les titres), je n'ai pas put continué parce que d'un coup, il m'a semblé que si je retirais toutes les fois ou il se vante dans une sorte de mégalo, et toutes les fois ou il dit du mal du prochain, il ne reste pas grand chose, même si ce peu qui reste ce sont assurément des perles venant d'un grand esprit qu'il était, ça d'accord, mais se coltiner toute cette médisance et toute cette démesure arrogante m'avait saoulé ...

Sod a écrit:Oui merci a ceux qui connaîtraient Nietzsche de me faire découvrir sa spiritualité.
Car du peu que je l'ai lut je n'ai pas put continué a cause d'un truc qui m'avait agacé.
En gros, dans ce que j'ai essayé de lire de lui ( j'ai oublié les titres), je n'ai pas put continué parce que d'un coup, il m'a semblé que si je retirais toutes les fois ou il se vante dans une sorte de mégalo, et toutes les fois ou il dit du mal du prochain, il ne reste pas grand chose, même si ce peu qui reste ce sont assurément des perles venant d'un grand esprit qu'il était, ça d'accord, mais se coltiner toute cette médisance et toute cette démesure arrogante m'avait saoulé ...

Voici un lien qui pourrait t'intéresser Sod.
https://journals.openedition.org/philosophique/123

Personnellement j'avais le même regard que toi sur Nietzsche parce que je m'étais faite à l'idée qui a été mise dans la conscience collective, sans compter que certains ont utilisé ses écrits pour justifier leurs exactions.
J'ai constaté que les écrits de toutes sortes ont souvent plusieurs niveaux de lectures et de compréhension et qu'on pouvait leur faire dire ce qui nous arrangeait, d'ailleurs Nietzche dit ceci dans Ecce homo que je trouve vrai: "« Ceux qui croyaient avoir compris quelque chose à mon propos, c’est qu’ils avaient tant bien que mal fait de moi quelque chose à leur image ».

Mon regard a changé sur Nietzsche sur mon chemin après certaines expériences lorsque je suis tombée il y a plusieurs années sur un très bon site site consacré à son oeuvre et qu'en le relisant j'ai vu ses écrits sous un jour plutôt spirituel alors que mon mari qui a lu une bonne partie de son oeuvre et qui se dit athée a toujours le regard que j'avais avant.

J'aime bien l'analyse de C.Jung:

"“Nietzsche n’était pas athée, mais son Dieu était mort. La conséquence de cette mort de Dieu fut que Nietzsche lui-même se dissocia en deux et qu’il se sentit obligé de personnifier l’autre partie de lui-même tantôt en “Zarathoustra” tantôt, à d’autres époques, en “Dionysos”. Durant sa fatale maladie il signa ses lettres “Zagreus”, le Dionysos démembré des Thraces. La tragédie de Ainsi parlait Zarathoustra est que, son Dieu étant mort, Nietzsche devint un Dieu lui-même et cela advint précisément parce qu’il n’était pas athée.”

“L’oubli n’est pas seulement une vis inertiae, comme le croient les esprits superficiels ; c’est bien plutôt un pouvoir actif, une faculté d’enrayement dans le vrai sens du mot, faculté à quoi il faut attribuer le fait que tout ce qui nous arrive dans la vie, tout ce que nous absorbons se présente tout aussi peu à notre conscience pendant l’état de « digestion » (on pourrait l’appeler une absorption psychique) que le processus multiple qui se passe dans notre corps pendant que nous « assimilons » notre nourriture. Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience ; demeurer insensibles au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour s’entraider ou s’entre-détruire ; faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu’il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles, et en particulier pour les fonctions et les fonctionnaires plus nobles, pour gouverner, pour prévoir, pour pressentir (car notre organisme est une véritable oligarchie) voilà, je le répète, le rôle de la faculté active d’oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l’ordre psychique, la tranquillité, l’étiquette. On en conclura immédiatement que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourrait exister sans faculté d’oubli“.

Nietzsche – Généalogie de la morale

Sod a écrit:Oui merci a ceux qui connaîtraient Nietzsche de me faire découvrir sa spiritualité.
Car du peu que je l'ai lut je n'ai pas put continué a cause d'un truc qui m'avait agacé.
En gros, dans ce que j'ai essayé de lire de lui ( j'ai oublié les titres), je n'ai pas put continué parce que d'un coup, il m'a semblé que si je retirais toutes les fois ou il se vante dans une sorte de mégalo, et toutes les fois ou il dit du mal du prochain, il ne reste pas grand chose, même si ce peu qui reste ce sont assurément des perles venant d'un grand esprit qu'il était, ça d'accord, mais se coltiner toute cette médisance et toute cette démesure arrogante m'avait saoulé ...

ce philosophe est le philosophe le plus diffiçile d'accés, il a quand meme sombré dans la démence, donc il est un peu normal que tu le trouve démeusuré.. et un brin mégalo..

" ce n'est pas le doute qui rend fou, c'est la certitude.."

Nietzche.

– “Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez encore un chaos en vous”


Nietzche.

"Je suis pareil à une flamme,
je voudrais m'emparer de tout,
tout ce que je tiens s'illumine,
tout ce j'abandonne est consumé."
In Le Gai-Savoir

Cogitop a écrit:.
Nietzsche est une référence majeure de la pensée humaine.

Il aurait dit que l’expérience psychotique faisait partie des outils de déraillement, pour mieux se reconstruire,

Au plus haut niveau de résilience.
mais il n’appelait pas çà comme çà.

Assurément la philosophie de ce gars est mal connue chez les gens spirituels.
Et peut être aussi que sa spiritualité est mal connue chez les profs de philo ?

"La distinction entre l'ésotérique et l'exotérique, autrefois adoptées par les philosophes Hindous, Perses, Grecs et Musulmans, partout ou l'on croyait en une hiérarchie et non en une égalité de fait ou de droit, cette distinction ne repose pas autant que ce qu'on croit sur le fait que le philosophe exotérique reste a l'extérieur et doit tout voir, évaluer, mesurer du dehors et non du dedans. L'essentiel est qu'il voit les choses d'en bas, le philosophe ésotérique les voit d'En Haut"

Nietzsche - Par delà le bien et le mal (1886)

"...les philosophes Hindous, Perses, Grecs et Musulmans..."

Dommage que Nietzsche était - je crois - fâché avec le judéo christianisme sinon il aurait put rajouté cet enseignement dans sa liste des "philosophes" utilisant cette distinction, puisque ce couple de notion ésotérique / exotérique est un invariant universel de la littérature spirituelle de tous les peuples.

Mais je rajoute ces quelques lignes de Niesztche dans mes archives de Sophia pérennis.

J'ai tué Dieu!!(Dieu est mort)

C'est ce qu'il avait dit qu'il avait fait: il a tué la pensée de Dieu dans sa pensée.
Mais pas Dieu(mystique)

Car rien ne peut venir tuer Dieu, ni la pensée de l'homme, ni la fin des temps, car avant le big bang, il y avait  "le néant" pour les athées et les scientifiques, et Dieu pour les croyants.
Sachant que le néant est difficile a appréhender pour un esprit: on ne parle pas d'un univers ou d'autre chose, ni de vide,  on parle en science de..? néant.
on atteint la les limites de l’intelligence humaine. de la science même,mais pas de Dieu. l'origine de Tout.

Par contre Jung avait des doutes sur l'athéisme de Nietzsche..(en ayant profondément étudié ses écrits)

Sod a écrit:

Cogitop a écrit:.
Nietzsche est une référence majeure de la pensée humaine.

Il aurait dit que l’expérience psychotique faisait partie des outils de déraillement, pour mieux se reconstruire,

Au plus haut niveau de résilience.
mais il n’appelait pas çà comme çà.

Assurément la philosophie de ce gars est mal connue chez les gens spirituels.
Et peut être aussi que sa spiritualité est mal connue chez les profs de philo ?

C'est surtout que c'est le début de la psychanalyse, et il faut savoir qu'avant Freud, Jung ou Nietzsche, il n'existait que les electro chocs, et cela faisait des dégats terribles.
Je trouve comme Cogitop que c'est une très grande avancée pour l'esprit humain de pouvoir passer par autre chose pour se soigner que l’électricité qui bousille tout et te lobotomise un homme en le rendant comme une salade verte..

En parlant de NIETZSCHE, il dit dans Ecce homo :
"« Ceux qui croyaient avoir compris quelque chose à mon propos, c’est qu’ils avaient tant bien que mal fait de moi quelque chose à leur image ».

Rien que cette phrase aurait du faire réfléchir tous ces soit-disant philosophes qui ont cru comprendre ses écrits.
Il est clair qu'il a touché à quelque chose de transcendant quand bien même certains le considérant comme un athée, comme si les athées ne pouvaient pas vivre ces expériences. Gopi Khrishna est un parfait exemple d'un athée tombé dans la marmite.

A ce sujet, Werner Heisenberg (prix nobel de physique nucléaire 1932 -à 31 ans-) dit :
« la première gorgée dans le calice des sciences de la nature rend athée
– mais au fond de la coupe il y a Dieu qui attend »




Quelques citations dans l'air du temps :
L'Etat est le plus froid des monstres froids : il ment froidement ; et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : "Moi l'Etat, je suis le peuple".
Friedrich Nietzsche , Ainsi parlait Zarathoustra

« [Si de telles idées], avec la folie de l’enseignement qui règne aujourd’hui, sont jetées au peuple pendant une génération encore, personne ne devra s’étonner si le peuple périt d’égoïsme et de mesquinerie, ossifié dans l’unique préoccupation de lui-même. Il commencera par s’effriter et par cesser d’être un peuple. À sa place, nous verrons peut-être apparaître, sur la scène de l’avenir, un enchevêtrement d’égoïsmes individuels, de fraternisations en vue de l’exploitation rapace de ceux qui ne sont pas des "frères", et d’autres créations semblables de l’utilitarisme commun. »
Considérations inactuelles ou Considérations intempestives – NIETZSCHE

"Observez le troupeau qui paît sous vos yeux; il ignore ce qu'était hier, ce qu'est aujourd'hui. Il s'ébat... , lié à son plaisir et à sa douleur, comme au piquet de l'instant, sans mélancolie ni satiété. Il est dur à l'homme de voir cela, parce qu'il se vante de son humanité, s'il se compare à l'animal dont il envie pourtant le bonheur"   - NIETZSCHE

«J’ai découvert pour moi que la vieille humanité, la vieille animalité, oui même tous les temps primitifs et le passé de toute existence sensible, continuent à vivre en moi, à écrire, à aimer, à haïr, à conclure, – je me suis réveillé soudain au milieu de ce rêve, mais seulement pour avoir conscience que je rêvais tout à l’heure et qu’il faut que je continue à rêver, pour ne pas périr: tout comme il faut que le somnambule continue à rêver pour ne pas tomber. Qu’est désormais pour moi l’“apparence”? Ce n’est certainement pas l’opposé d’un “être” quelconque – que puis-je énoncer de cet être, si ce n’est les attributs de son apparence? Ce n’est certes pas un masque inanimé que l’on pourrait mettre, et peut-être même enlever, à un X inconnu! L’apparence est pour moi la vie et l’action elle-même qui, dans son ironie de soi-même, va jusqu’à me faire sentir qu’il y a là apparence et feu follet et danse des elfes et rien de plus – que, parmi ces rêveurs, moi aussi, moi “qui cherche la connaissance”, je danse le pas de tout le monde, que le “connaissant” est un moyen pour prolonger la danse terrestre, et qu’en raison de cela il fait partie de ces maîtres de cérémonie de la vie et que la sublime conséquence et le lien de toutes les connaissances sont et seront peut-être le moyen suprême d’assurer l’universalité de la rêverie et l’entente de tous ces rêveurs entre eux et, par cela même, de faire durer le rêve ».  -   Ibid, par. 54.  – Nietzsche

,
Nietzsche avait le génie du métaphorique.

.
C’est comme dans le livre rouge de Jung.
Mais si on explique la chose avec raison et logique on passerait pour un fou.
Alors, transmettre la chose par une autre voie.

À propos du surhomme :

"« Connais-toi toi-même », voilà toute la science. C’est seulement quand la connaissance des choses sera achevée que l’homme se connaîtra lui-même. Car les choses ne sont que les limites de l’homme." Nietzsche

“La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique, et par conséquent ce qu’il y a de moins accompli et de plus fragile en elle.” Nietzsche

(Deux citations à comprendre.)

La première des deux suggère ce qui différencie le plus, sur le fond, son œuvre des religions, spiritualités et philosophies qui ont pour but l’éveille; le surhomme est un homme éveillé, philosophe et visionnaire.

À propos de la compréhension de son œuvre :

Chacun à son interprétation et plus on a d'intuition, plus on le connait, plus on connait les auteurs qu'il apprécie, l'alchimie et la mythologie (c'est à dire d’où part sa réflexion), plus on le comprends (avoir de l'inspiration aide aussi).

"À cause des gens grossiers et mal intentionnés je tiens à dire qu’ici, comme bien souvent dans ce livre, ce qui importe à l’auteur c’est l’objection et que l’on pourra y lire bien des choses qui n’y sont pas précisément écrites" Nietzsche - opinions et sentences mêlées - fin du paragraphe 175