Ce qui est en bas...

Je voulais proposer ici que nous échangions nos points de vue sur la première sentence de la Table d’Emeraude :

Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose.

…sur ce que nous évoque cette phrase, sur la manière dont elle résonne pour chacun et éventuellement d’échanger sur les affirmations des uns et des autres.

Voilà pour ma part ce qu’à cette étape de ma réflexion je voudrais dire :

Ce qui est dit est toujours juste, juste en tant que traduction de ce que nous révèle l’observation de notre esprit, ou de l’Esprit.

Ceci impliquerait qu’il n’y aurait en fin de compte ni haut ni bas, mais seulement ici et là, chez chacun d’entre nous, la manifestation de l’Esprit, cette manifestation étant en soi le miracle produit par cette seule chose, à savoir l’Esprit précisément.

Pour moi ça veut rien dire, on ne sait même pas ce qu'il y a en haut, et en plus ça change d'une tradition à l'autre, et sachant que le monde spirituel est souvent décrit comme un tas d'êtres liés par des hiérarchies, avec chacun un rôle, à part faire le lien avec l'organigramme de Mac Donald ou d'une institution lambda je vois pas bien ou ça veut en venir

Pardon, je voulais attendre que d’autres s’expriment sur le sujet pour intervenir à nouveau, mais comme je suis un fieffé bavard, je ne résiste pas à ce désir de te répondre.

Tu dis :  « on ne sait même pas ce qu'il y a en haut »

Hermès le dit justement, ce qu’il y a en haut est comme ce qu’il y a en bas, donc exit cette notion de hiérarchie, puisque c’est bien de cela dont il s’agit. Et donc si tu retires cette notion, cela veut dire qu’il n’y a pas à grimper les échelons, et qu’ainsi, il n’y a rien à atteindre.

Autrement dit, ce qu’il y a atteindre est déjà atteint par l’expression même de ce que nous révèle l’observation de notre esprit. Ou bien encore, ce miracle que produit l’Esprit par le biais de ses manifestations, est déjà parfaitement accompli à chaque fois que nous traduisons ce qui se trame dans notre esprit. En somme, on ne peut rien faire d’autre que d’accomplir ce miracle.

Et donc, concernant une personne qui dirait qu’il y aurait une échelle et quelque chose à atteindre, ce qui par là serait pour elle atteint et qui ne demanderait aucune autre chose à atteindre, c’est cette échelle ainsi que ce quelque chose à atteindre, ces deux choses étant de l’ordre de la manifestation de l’Esprit, lequel s’exprimerait de cette manière à travers elle, cette manifestation étant en soi l’accomplissement de ce miracle.

Mais ce miracle s’accomplirait tout autant si elle pensait qu’il n’y avait pas d’échelle et rien à atteindre, la considération selon laquelle il y aurait absence des deux étant encore une fois accomplissement de ce miracle.

Donc ce miracle ne dépendrait pas du fait que nous pensions qu’il puisse y avoir ou ne pas y avoir d’échelle, qu’il puisse ou non y avoir quelque chose à atteindre, non, ce miracle se produirait dans les deux cas et dans aucun des deux, raison pour laquelle, pour l’Esprit, cette échelle existe et n’existe pas, cette chose à atteindre existe et n’existe pas ; elles existent quand l’Esprit se manifeste de telle manière à les faire exister, et elles n’existent pas quand l’Esprit ne les fait pas exister. Dans un cas comme dans l’autre, l’Esprit est atteint de telle ou telle manière, par l’expression d’une chose ou par l’expression de l’autre, ou par l'expression ni de l'une ni de l'autre. Dans tous les cas, nous ne pouvons pas ne pas atteindre l'Esprit qui nous souffle ces considérations.

En fait, c’est à se demander d’où viennent les idées que nous avons. Est-ce moi qui suis à l’origine de telle idée ou bien suis-je tout à coup investi par telle idée qui en serait venue à émerger d’on ne sait où ?

J’ai l’impression qu’en fait nous ne sommes que les témoins de cette activité spirituelle, que nous n’avons pas grand-chose d’autre à faire que de traduire sans les trahir ces idées, et encore, n’y a-t-il pas également émergence involontaire de cette formulation ?

A quel moment y-a-il véritablement un moi qui intervient dans tout ce processus ? Ne devons-nous pas reconnaître humblement que nous ne sommes en fait que les marionnettes de l’Esprit, lequel joue à nous faire croire des choses, lequel se servirait de nous pour se manifester. Faut-il se fatiguer à essayer de contrôler ce mouvement, faut-il souffrir pour que les choses soient autrement ?

Et pourquoi après tout ne pas se laisser croire à telle ou telle chose que l'Esprit en viendrait à nous souffler, juste au moins le temps de les goûter, pour les laisser ensuite s’évaporer, tranquillement ? D’ailleurs n’est-ce pas ce que nous faisons, n'est-ce pas ce que nous avons toujours fait ? Peut-on arrêter le mouvement de l’Esprit, peut-on le fixer, peut-on le retenir ? Non, pour moi, l’Esprit va là où bon lui semble et ce depuis toujours et chez chacun.

Là-dessus, je ne vois aucune différence entre le moi d’aujourd’hui et le moi d’hier, et si par hasard j’en voyais une, ne serait-ce pas encore une histoire que me raconterait l’Esprit ? Mais en quoi ce serait un problème finalement, pourquoi ne pas laisser l’Esprit s’exprimer librement quand de toute façon il le fait déjà ?

Donc, tout est juste, l’Esprit dit oui, l’Esprit dit non, l’Esprit dit oui et non, l’Esprit dit ni oui ni non, peu importe, si l’Esprit veut se taire, il se tait, s’il veut parler, il parle. C’est une histoire sans fin, une histoire où il n’y a pas de donc, où il n’y a ni début ni fin, à moins que l’Esprit veuille s’amuser à conclure ; de toute façon, c’est toujours ça, le miracle ne peut que s’accomplir. La vie telle qu’elle est est un miracle, pour moi il n’y a pas à en chercher d’autres, ce qui veut aussi dire qu’il n’y a rien à trouver d’autre que cette recherche elle-même si elle en vient à se manifester, puisque cela aussi serait de la volonté de l’Esprit.

Pardon pardon pardon…quelle logorrhée Bon Dieu !  

Ce message s’auto-détruira dans 5 secondes…

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Si tu montes au plus haut sommet de l’échelle des pompiers, de l’Himalaya , du cosmos, de l’écosystème, de l’univers, tu trouveras toujours au plus haut, cette incertitude…

Si tu descends au plus bas de l’abîme le plus profond, au plus fond du fond de l’océan, tu trouveras toujours au plus bas, cette incertitude….

Et si tu changes le mot « incertitude » par un autre mot, tu trouveras tout ce que tu rêvais de trouver, en haut comme en bas…

Et là où tu te trouves, en juste équilibre, ou entre les deux, tu trouves aussi…

Tout est juste là, où tu es…

Oh, célèbre adage de la tradition alchimique !

L'homme a plutôt pour tâche de réaliser un travail de reconnaissance de la Création et de son Créateur.

Dans Marc 10 : 9 Jésus dit " ce que Dieu a uni (au ciel), l'homme ne doit point le séparer (sur terre).

Le manège enchanté a écrit:
…sur ce que nous évoque cette phrase, sur la manière dont elle résonne pour chacun et éventuellement d’échanger sur les affirmations des uns et des autres.

K. Gibran

Cogitop a écrit:Tout est juste là, où tu es…

Oui, et si je ne trouve pas la chose juste à l’endroit où je suis, cet endroit sera celui du « non-juste » qui sera parfait en tant qu’expression de cette non justesse. Du coup, il sera juste que je change d’endroit pour trouver l’endroit juste. Mais cela n’exigerait pas nécessairement de se déplacer physiquement, cela pourrait à mon sens se faire en changeant de regard.

Ainsi, dire : « Tout est juste là, où tu es… » serait une manière d’harnacher son propre regard pour le conduire à aller dans la direction vers laquelle nous voudrions qu’il aille, ce qui serait en fait un défi, ce défi qui serait celui du voyageur immobile en quelque sorte, ce voyageur qui aurait appris à fluidifier son regard de sorte à toujours pouvoir le fixer, quelques soient les circonstances, à cet endroit où tout serait juste.

Cela rejoindrait me semble-t-il ce que dit le Bouddha lorsqu’il dit que rien n’existe en soi, que nous créons notre propre monde, avec cette idée que rien ne serait juste ou non juste en soi, que tout en somme dépendrait du regard.

Et lorsqu'Hermès Trismégiste dit : Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose, il s'agirait aussi sans doute d'un regard, d'un regard qui en tant que tel aurait harnaché la réalité pour la faire parler d'une certaine façon, de la façon qui lui semblerait la plus fonctionnelle.

Cette question qui est celle de la fonctionnalité du regard est essentielle dans l’enseignement de Castaneda qui considère qu’avant tout, un guerrier doit être pragmatique.

La question qui se pose concernant ce pragmatisme s’énoncerait je crois de cette manière : « mon regard est-il mon maître, ou bien suis-je le maître de mon regard ? » Dans le premier cas, ce regard s’imposerait à moi, ce qui est vu prendrait la qualité d’une vérité à laquelle je ne pourrais me soustraire, la réalité serait telle et je ne pourrais rien y changer.

Dans le second cas au contraire, la réalité n’existerait pas en soi, ce serait mon regard qui déterminerait la façon dont je serais amené à la considérer, ce qui impliquerait de mettre en marche la réflexion, cette réflexion qui donnerait de cette manière de la fluidité au regard, avec cette idée de rechercher celui qui précisément correspondrait le mieux à ce qui pourrait me permettre de bien fonctionner lorsqu’un événement se produirait.

De cette manière, cet événement n’aurait pas pour moi telle ou telle signification intrinsèque, au contraire, la fluidité de mon regard à son sujet me permettrait de pouvoir le considérer sous un angle de vue adéquat, adéquat en tant que propre à me permettre de m’harmoniser avec lui, de fonctionner correctement.

Cela peut paraître de l’ordre de l’énoncé de jolies paroles lorsqu’on considère la teneur de certains événements, certains événements incontestablement dramatiques. Mais d’une part, cette attitude n’attend pas pour être mise en œuvre que les pires choses surviennent, non, la vie avec ses petits tracas nous offre déjà l’opportunité de mettre en branle ce travail, et d’autre part, concernant les aspects plus dramatiques de la vie, Castaneda ne dit pas qu’il s’agit d’une chose facile, mais d’un défi, le fait de ne pas tout au moins tenter de le relever n’ayant en soi aucun sens, ou signifiant la perte de tout sens, de tout sens si ce n’est ce sens destructeur qui serait celui de l’auto-apitoiement.

Et c’est pourquoi Castaneda dit que personne ne fait rien à personne, encore moins à un guerrier, c’est pourquoi il dit aussi que la vie est un défi et que nous n’avons pas d’autres raisons d’être que celle de le relever, que ne pas le relever équivaut à mourir.

Et il y a une chose dont il est difficile de parler, mais à laquelle amène cette idée que tout serait une question de regard. Cette chose, ce serait l’absence de regard, ce que le Bouddha nommait la vacuité si je peux faire ce parallèle.

Voici quant à lui comment Castaneda définissait la chose si j’ai bien compris cette description :

D’abord, le point d’assemblage chez l’être ordinaire tendrait à manquer de fluidité, ainsi, quand un monde serait assemblé, ce point là se fixerait irrémédiablement sur telle ou telle position, sur tel ou tel assemblage. A ce stade, la personne créerait des inventaires tout en s’attachant à ces derniers.

Puis, seconde étape, le guerrier, ce guerrier qui aurait appris à fluidifier ce point. Le fixer en un lieu lui permettrait de matérialiser un inventaire qui soit conforme à sa volonté. A ce stade, une telle personne créerait des inventaires mais sans s’y attacher.

Enfin, troisième étape, l’œuf lumineux sur la paroi duquel se déplacerait le point d’assemblage en viendrait à être totalement illuminé, un peu comme si le point d’assemblage pouvait se situer partout à la fois sur la paroi de l’œuf.
A ce stade, il ne serait plus nécessaire de matérialiser quelque inventaire que ce soit.

Bien sûr, Castaneda lorsqu’il est devenu Nagual, continuait à produire des inventaires, mais seulement à cette fin qui serait celle de pouvoir enseigner.

Hum , pour ma part je pense que cette phrase issue de l'hermétisme alchimique nous explique que les lois qui s'appliquent "au Ciel " , à un cosmos supérieur , s'appliquent aussi sur Terre , comme une sorte de fractalité des lois s'appliquant à tout les cosmos , love .

Enfin une chose est sure : je ne sais pas du tout de quoi parle notre ami Hermès avec ce haut et ce bas ou il y aurait les mêmes choses. Car ce que j'ai vu En Haut n'a rien a voir avec ce que j'ai vu en bas, a part que c'est toujours tout le contraire, En haut c'est beau en bas c'est laid, En haut c'est lumineux en bas c'est sombre, etc...

Donc de quoi parle-t-il, lui, Hermès, avec ces deux mots.
C'est ça que je ne sais pas.

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Lorsque tu es en haut dans la lumière et que tu emmènes la lumière avec toi, tu l’as aussi avec toi quand tu descends au plus bas, illuminant les ténèbres du bas astral…

Ceux qui partent du bas en emmenant leur obscurité et leur ostracisme, les trouveront partout où ils iront, et? même au plus haut,  ils obscurciront la lumière…

Là est ma vision de tout ce qui est en haut est en bas, lorsqu’on a atteint la capacité du choix de la vision éclairée…
ou de rester dans l’obscurité.
En haut et en bas.



(Il s’ agit ainsi comme d’une clef métaphorique de compréhension sortant  de l’hermétisme de la pensée unique)