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L'identification

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L'identification  Empty L'identification

Message par Professeur X Jeu 19 Jan 2023 - 16:15

Hum , j'ouvre ce sujet sur ce concept psychologique dont on fait souvent référence dans nos échanges sur de nombreux sujets traitant de l'éveil , je veux parler de " L'identification " , non pas qu'il soit ardu d'en saisir les explications mais le nom lui même peut porter à confusion , cette notion d'être " identifié " donc , et la notion d'identification , est apparue dans les années 30 à travers un enseignement initié par G.I.Gurdjieff et développé par P.D.Ouspensky , R.Collin ... ,et d'autres auteurs regroupés sous l’appellation de " Quatrième voie " , qui est une voie d'étude , d'observation et d'éveil de soi .

Cette voie et son enseignement ne s'arrête pas bien sur à cette notion d'identification , mais je ne vais pas m'attarder ici à en expliquer tout les aspects , il suffira à ceux que cela intéresse d'en prendre connaissance en quelques recherches sur votre navigateur habituel , ou bien de fouiller sur ce site les différents sujets ouvert à ce propos .

Cette notion d'identification ne vient bien sur pas de moi , je vais donc citer quelques passages de différents ouvrages qui en parlent , on peut s’apercevoir que cette notion n'est pas si compliquée à comprendre , par contre elle peut être difficile à accepter .


« 'Identification' ou 'identification.' est un état curieux dans lequel l'homme passe plus de la moitié de sa vie. Il « s'identifie » à tout : à ce qu'il dit, à ce qu'il ressent, à ce qu'il croit, à ce qu'il ne croit pas, à ce qu'il souhaite, à ce qu'il ne souhaite pas, à ce qui l'attire, à ce qui le repousse. Tout l'absorbe, et il ne peut se séparer de l'idée, du sentiment ou de l'objet qui l'a absorbé. Cela signifie qu'en état d'identification l'homme est incapable de regarder impartialement l'objet de son identification. Il est difficile de trouver la plus petite chose avec laquelle l'homme est incapable de « s'identifier ». », écrit Ouspensky dans Psychology.

« Lorsque nous commençons à observer les émotions en particulier, mais également toutes les autres fonctions, nous constatons que toutes nos fonctions s'accompagnent d'une certaine attitude ; nous devenons trop absorbés par les choses, trop perdus dans les choses, en particulier lorsque le moindre élément émotionnel apparaît », commente-t-il dans The Fourth Way

Le processus de travailler avec nos identifications, de les affaiblir, est connu sous le nom de séparation. C'est ce qu'on appelle parce que nous devons séparer notre sens de soi de nos identifications. A proprement parler, seul l'observateur peut être appelé « moi-même », parce qu'il est la semence du « je » permanent.

Lorsque nous sommes dans une situation calme, ou que nous méditons ou faisons un travail énergétique, cette séparation se fait assez facilement. Il est évident que l'observateur est "je" et que tout le reste n'est pas "je". La réalité de notre être survient lorsque nous sommes coincés dans une file d'attente à l'épicerie, ou dans un embouteillage, ou pris dans une dispute, ou faisant des blagues, ou étant cyniques, avec des amis. Quelle est notre identité dans ces moments ?

Avec l'identification, nous prenons quelque chose en plus de l'observateur comme notre identité, qu'elle soit externe, comme une voiture, un partenaire, une profession, ou interne, comme une émotion négative préférée, une théorie d'animal de compagnie ou un talent que nous avons. Séparer signifie simplement placer son identité dans l'observateur et non dans aucun de ces objets, sentiments ou sensations.

S'il y a identification forte, ce déplacement de la localisation de l'identité doit être préparé. Nous connaissons tous nos ensembles récurrents de « moi » troublants. Nous pouvons nous y préparer en créant de nouvelles attitudes pour chaque groupe de « moi », en fonction du travail. Cela créera une lutte lorsque ce groupe de « je » apparaîtra – une séparation – et cela laissera un espace où le travail de division de l'attention, d'être conscient du moment présent, pourra avoir lieu.

L’Identification:

Pour Gurdjieff, l'identification est ce qui caractérise l'homme, lorsqu’il suit
aveuglément tout ce qu'il rencontre dans sa vie, sans se poser de questions. Cette attitude peut sembler être celle d’un homme naïf, mais elle est en fait bien plus répandue qu’on ne peut le penser car elle englobe un mode de fonctionnement très courant : il s’agit de l'identification de l'homme avec sa position sociale, sa profession, ses désirs, ses rôles dans la vie quotidienne et même son imagination. Le principal facteur qui pousse à l’identification est l’automatisation, c’est-à-dire la répétition des actions et réactions, des pensées et des sentiments sans que celles-ci soient jamais remises en cause ou conscientes.

L’identification est l’effet principal du sommeil éveillé – il s’agit d’un état entre
celui de veille et celui du sommeil, dans lequel l’homme n'a aucun contrôle ni de lui-même, ni des événements autour de lui – et qui constitue le principal obstacle pour le
développement d'une vie plus consciente. « [...] l'une des caractéristiques fondamentales de l'attitude de l'homme envers lui-même et envers son entourage, [est] sa constante "identification" à tout ce qui prend son attention, ses pensées ou ses désirs, et son imagination.

"L'identification" est un trait si commun que, dans la tâche de l'observation de soi, il est difficile de la séparer du reste. L'homme est toujours en état d'identification ; seul change l'objet de son identification.

« L'homme s'identifie à un petit problème qu'il trouve sur son chemin et il oublie complètement les grands buts qu'il se proposait au début de son travail. Il s'identifie à une pensée et il oublie toutes les autres. Il s'identifie à une émotion, à une humeur, et il oublie ses autres sentiments plus profonds. En travaillant sur eux-mêmes, les gens s'identifient à tel point à des buts isolés qu'ils perdent de vue l'ensemble. Les deux ou trois arbres les plus proches viennent à représenter pour eux toute la forêt.

« L'identification est notre plus terrible ennemi parce qu'elle pénètre partout. Au moment même où nous croyons lutter contre elle, nous sommes encore sa dupe. Et s'il nous est si difficile de nous libérer de l'identification, c'est que nous nous identifions plus facilement aux choses qui nous intéressent davantage, celles auxquelles nous donnons notre temps, notre travail et notre attention. Pour se libérer de l'identification, l'homme doit être constamment sur ses gardes et impitoyable envers lui-même. C'est-à-dire qu'il ne doit pas avoir peur de démasquer toutes ses formes subtiles et cachées.

« [...] En Orient, où l'on fume le haschich et d'autres drogues, il arrive souvent qu'un homme s'identifie à sa pipe au point de se considérer lui-même comme une pipe. Ce n'est pas une plaisanterie, mais un fait. Il devient positivement une pipe. Voilà l'identification. Mais pour en arriver là, le haschich ou l'opium ne sont pas du tout nécessaires. Regardez les gens dans les magasins, les théâtres ou les restaurants. Voyez comme ils s'identifient avec les mots quand ils discutent ou essaient de prouver quelque chose, particulièrement quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Ils ne sont plus que désir, avidité, ou paroles : d'eux-mêmes, il ne reste rien.

« L'identification est le principal obstacle au rappel de soi. Un homme qui s'identifie est incapable de se rappeler lui-même. Pour pouvoir se rappeler soi-même, il faut d'abord ne pas s'identifier. Mais pour apprendre à ne pas s'identifier, l'homme doit avant tout ne pas s'identifier avec lui-même, ne pas s'appeler lui-même "moi", toujours et en toutes occasions. Il doit se rappeler qu'ils sont deux en lui, qu'il y a lui-même, c'est-à-dire Moi en lui, et l'autre avec lequel il doit lutter et qu'il doit vaincre s'il veut atteindre quoi que ce soit. Tant qu'un homme s'identifie ou est susceptible de s'identifier, il est l'esclave de tout ce qui peut lui arriver. La liberté signifie avant tout : se libérer de l'identification.


En fait l’identification pourrait être le résultat de facteurs simples, tels que le
manque de vocabulaire allié à certaines prédispositions culturelles. Par exemple, par
l’utilisation du verbe être pour simplifier la façon de parler des faits de soi-même ou des autres. Georges de Maleville en donne un exemple : « On dira d’un homme qu’il est gaucher, qu’il est employé de banque et qu’il est père de trois enfants. » Mais en réalité cette catégorisation n’est pas vraie car cet homme « a sa main gauche plus habile que la droite, il a une fonction dans une banque et il a engendré des enfants. »

L’homme qui n’a pas conscience de son fonctionnement interne sera toujours le
jouet des événements extérieurs. Il ne trouvera pas d’unité, c’est-à-dire qu’il ne sera pas le maître de l’attelage qui dirige ses centres physique, émotionnel et mental. Les
identifications seront innombrables et elles se déplaceront à tout instant d’un centre à
l’autre. Il s’identifiera avec une pensée, ensuite avec une émotion qui pourrait par ailleurs être opposée à la première. Cet homme aura en plus la nécessité d’être accepté ou reconnu, car lui-même ne sait pas qui il est. Il sera donc très sensible aux réactions de ceux qui l’entourent en essayant de capter des signes qui pourront le rassurer sur le fait qu’il est accepté.

Selon Gurdjieff, cela est une caractéristique générale de l’être humain à laquelle il lui est difficile d’échapper :
« L’homme s’identifie à un petit problème qu’il trouve sur son chemin et il
oublie complètement les grands buts qu’il se proposait au début de son travail. Il s’identifie à une pensée et il oublie toutes les autres. Il s’identifie
à une émotion, à une humeur, et il oublie ses autres sentiments plus
profonds. En ne travaillant pas sur eux-mêmes, les gens s’identifient à tel
point à des buts isolés qu’ils perdent de vue l’ensemble. Les deux ou trois
arbres plus proches viennent à représenter pour eux toute la forêt.
»
Ainsi, de même que l’homme qui s’identifie quotidiennement à plusieurs facteurs
s’écarte de ses objectifs essentiels, l’acteur qui s’identifie constamment à divers éléments qui captent son attention sera finalement éloigné de sa totalité. Par exemple, l’acteur qui est en train de jouer, se rend compte que lui-même ou son partenaire s’est trompé. S’il attache sa pensée à cette faute, se critiquant soi-même ou critiquant son partenaire, d’autres maladresses surviendront ou, du moins, l’énergie de sa Présence déclinera, puisqu’un blocage dans sa pensée aura perturbé son flux énergétique.
Son esprit ne devrait être ni dans le passé, ni dans le futur, mais toujours au présent, à l’unisson avec chaque action.
Un autre exemple est celui de l’acteur qui commence à avoir une certaine
reconnaissance du public. Il se peut qu’il s’identifie à cette image, celle d’un acteur célèbre.
Soucieux de toujours plaire à « son » public, pour ne pas perdre cette image qu’il a de soi-même, il sera continuellement dépendant des réactions du public dans la salle et par conséquent, la qualité de son travail variera selon ses différentes réponses. Plus l’acteur est vulnérable à la réaction du public, plus son œuvre sera sujette à des hauts et des bas en termes de qualité, au moment précis mais éphémère où elle sera mise en forme.
Étant un être de chair, peuplé de pensées et de sentiments, comment l’acteur, qui
réalise l’œuvre avec cette même matière, avec sa personne et tout ce qu’il y a de plus
intime en elle – doit-il faire pour ne pas se laisser imprégner par l’écho de ce qui se passe dans le public ?
Sur ces problèmes d’identifications, il y a d’abord le manque de distance entre
l’acteur et le personnage qu’il incarne qui rend ce premier fragile aux réactions extérieures.
Il doit donc trouver ce recul à l’intérieur de lui-même ; ensuite, même s’il n’y a pas un
personnage spécifique, c’est entre l’acteur et ce qu’il réalise sur scène que doit avoir lieu cette absence d’identification ; et finalement après avoir atteint un certain niveau de compétence professionnelle, l’acteur doit parvenir à se détacher de l’image d’acteur à succès.


»
Il est important d’analyser la notion d’identification dans la vie quotidienne de
l’homme aussi bien que dans le travail de l’acteur. À ce propos, Gurdjieff remarque que
dans la vie comme sur scène, il y aura toujours ceux qui considèrent que l’état
d’identification est indispensable pour faire du bon travail, ils considèrent cet état comme une propriété bienfaisante et lui attribuent des noms tels que « ‘enthousiasme’, ‘zèle’, ‘passion’, ‘spontanéité’, ‘inspiration’, etc. ». En fait, il s’agit d’un oubli de soi, l’homme ne sait pas ce qu’il est et, en conséquent, il se laisse emporter par l'écoulement des événements, soit satisfait quand ceux-ci lui conviennent ; soit en conflit si ces événements ne sont pas en sa faveur. Dans les deux cas la participation de son esprit trompeur qui crééra toutes sortes d’arguments pour lui faire croire à ce à quoi il s’attache.
Gurdjieff demandait à ses élèves d’observer les gens dans des cadres sociaux tels
que les restaurants, les magasins ou les théâtres, quand ils parlent et insistent pour justifier des choses auxquelles ils s’identifient. Il est courant d’écouter quelqu’un qui se plaint de quelqu’un d’autre qui, selon le premier, ne l'estime pas assez, soit à l’école, soit au travail, ou dans la famille, et se plaint de ce que les gens ne se montrent pas assez polis envers lui.
Au contraire, il existe les cas de ceux qui aiment attester qu’un autre individu les aime
beaucoup pour telle ou telle raison. Ils sont toujours soucieux de ce que les autres pensent d’eux, de ce que les autres disent à leur sujet. « Ils ne sont plus que désir, avidité, ou paroles: d'eux-mêmes, il ne reste rien.
»
Un des aspects particuliers de l’identification, c’est la considération, à savoir, ce
que l’homme considère par rapport aux gens, aux institutions, aux gouvernements, enfin par rapport à tout ce qui, à un certain moment, n’est pas en accord avec ce qu’il juge adéquat pour lui-même. À ce propos Gurdjieff déclare :
« L'homme, en son for intérieur, ‘exige’ que tout le monde le prenne pour
quelqu'un de remarquable, auquel chacun devrait constamment témoigner
respect, estime et admiration, pour son intelligence, sa beauté, son adresse,
son humour, sa présence d'esprit, son originalité et toutes ses autres
qualités. Ces ‘exigences’ se fondent à leur tour sur la notion complètement
fantastique que les gens ont d'eux-mêmes, ce qui arrive très souvent, même
avec des personnes d'apparence très modeste. Quant aux écrivains, acteurs,
musiciens, artistes et politiciens, ils sont presque sans exception des
malades. Et de quoi souffrent-ils? Avant tout, d'une extraordinaire opinion
d'eux-mêmes, ensuite d'exigences et, enfin, de ‘considération’, c'est-à-dire
d'une disposition préalable à s'offenser du moindre manque de
compréhension ou d'appréciation.
»
En ouvrant une petite parenthèse, il est intéressant de mentionner que si l’analogie entre l’acteur et l’homme ordinaire qui se confond avec les événements extérieurs peut
aider l’acteur à comprendre la question de l’identification, Gurdjieff, proposait cependant la démarche inverse, c’est-à-dire que l’homme utilise l’image de l’acteur pour s’engager dans différentes situations de la vie en évitant toute forme d’identification, en regardant alors le monde comme un grand théâtre et ainsi garder sa liberté intérieure. Cette liberté intérieure est certainement le but recherché, tant par l’homme dans sa vie que par l’acteur sur scène. Ainsi, Peter Book conclut : « C'est exactement ce qu'on attend d'un bon acteur.
»
L’identification peut être vue comme un grand obstacle qui empêche l’homme de
se rappeler à lui-même. Et pour se rappeler à soi, il est impossible de s’identifier aux
plusieurs moi qui se présentent à tout instant. Or, si nous considérons que le vrai Moi est l’harmonie entre nos pensées, nos émotions et nos actions, et donc ce voyageur silencieux à l’intérieur de la voiture, nous ne pourrons pas nous identifier seulement à ce que nous pensons, ou seulement à ce que nous sentons, ou encore à ce que nous avons comme tâches à faire. Si nous nous identifions à une pensée, il est bien probable que très vite nous allons nous identifier à un sentiment, qui pourrait être contraire à cette pensée. Cela sera un petit moi qui pense quelque chose et puis un autre petit moi qui ressent quelque chose.
Se rappeler à soi est penser, sentir et agir à l'unisson, en d’autres mots, il s’agit d’être
conscient à la fois de ce que nous pensons, ce que nous ressentons et ce que nous sommes en train de faire. À cet effet il faut être vigilant aux attachements constants à tous ces petits mois qui nous emprisonnent et volent notre énergie.
Selon Gurdjieff, pour arriver à cette liberté, l’homme doit travailler dur sur luimême, puisque « la liberté signifie avant tout : se libérer de l'identification » , love .
.
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Message par Le manège enchanté Jeu 19 Jan 2023 - 17:24

Personnellement, il y a un truc qui me touche tout particulièrement dans cette notion, quelque chose que j’ai réalisé il y a peu, quelque chose de connexe avec manière de considérer ma véritable nature, c’est cette chose que j’ai remarquée sur mon besoin de briller, ceci impliquant que je sois quelqu’un qui considère comme important d’essayer d’incarner une forme d’intelligence et de créativité dans mes propos, alors qu’en fait, et c’est ce que j’ai réalisé, intelligence et créativité ne sont pas si importantes, puisque quoi qu’il en soit, cela ne nous rapproche en rien de notre véritable nature, sans que néanmoins cela ne nous en éloigne.

En fait, il y a de la place pour tout le monde, il n’y a rien à faire de particulier pour obtenir cette place puisqu’elle est celle qu’on occupe et que personne ne peut occuper pour nous.

Cette place n’a pas de caractéristique particulière, elle n’est pas celle d’un idiot ou d’un génie, elle est juste cette place, place qui a son propre centre par elle-même.

Il n’est donc aucun besoin de la revendiquer en essayant de briller de quelque façon que ce soit. Je sais qu’étant petit, j’ai cruellement manqué de l’attention de mon père, peut-être cela a-t-il créé chez moi ce besoin excessif d’exister, comme si au fond je n’existais pas déjà, quoi que je fasse, quoi que je dise.

Donc, je peux reconnaître ce phénomène d’identification en moi, ceci quand je cherche à correspondre à ce personnage brillant, ce qui ne fait pas pour autant de moi la personne que je cherche à être.
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Message par Barbe Rousse Jeu 19 Jan 2023 - 17:26

République livre IX:
"Pour montrer à celui qui a avancé cette maxime quelle en est la valeur, formons par la pensée une image de l’ame.

Quelle espèce d’image ?

Une image faite sur le modèle de la Chimère, de Scylla, de Cerbère, et de cette foule de monstres dont nous parlent les anciennes traditions, et qu’elles nous représentent comme offrant en un seul individu la réunion de plusieurs espèces.

En effet, les anciennes traditions nous parlent de semblables créatures.

Compose d’abord un monstre formé de plusieurs espèces et garni de plusieurs têtes, les unes d’animaux paisibles, les autres de bêtes féroces, avec le pouvoir de faire naître toutes ces têtes et de les changer à son gré.

Un pareil ouvrage demande un artiste habile. Mais. comme la pensée se laisse manier avec plus de facilité que la cire, ou toute autre matière, voilà qui est fait.
Fais-moi maintenant deux autres figures, l’une d’un lion, l’autre d’un homme. Mais il faut que la première de ces trois images soit la plus grande, et la seconde ensuite.

Ceci est plus aisé ; j’y suis.

Joins ensemble ces trois images, de sorte qu’elles se tiennent et ne fassent qu’un tout.

Elles sont jointes.

Enfin, enveloppe tout cela dans l’image d’un seul être, d’un homme par exemple, de manière que celui qui ne pourrait voir l’intérieur et ne jugerait que sur l’apparence, le prendrait pour un être unique, pour un homme.

C’est fait.

Adressons-nous à présent à qui soutiendrait que pour l’homme ainsi fait, il est avantageux d’être injuste, et qu’il ne lui sert de rien d’être juste : n’est-ce pas, dirons-nous, comme si on prétendait qu’il lui est avantageux de nourrir avec soin et de fortifier le monstre à plusieurs têtes et le lion, et de laisser l’homme s’affaiblir et mourir de faim ; de sorte que les deux autres le traînent partout où ils voudront ; et n’est-ce pas affirmer qu’au lieu de les accoutumer à vivre ensemble en bon accord, il lui vaudrait mieux les laisser se battre, se mordre et se dévorer les uns les autres ?

Vanter l’injustice, c’est dire en effet tout cela.
Mais réciproquement dire que la justice est utile, n’est-ce pas déclarer que par ses discours et ses actions il faut travailler à rendre le véritable être humain enfermé dans l’homme, le plus fort possible, capable d’en user avec la bête à plusieurs têtes comme un sage laboureur, de nourrir et d’élever l’espèce pacifique, d’empêcher l’espèce féroce de croître, à l’aide de la force du lion ; enfin de donner à tous des soins communs, et de les maintenir en bonne intelligence entre eux et avec lui-même ?

Voilà bien ce que dit le partisan de la justice.

Il résulte de tout ceci, que celui qui fait l’éloge de la justice a raison, et que l’autre qui loue l’injustice a tort. En effet, qu’on ait égard au plaisir, ou à la bonne renommée et à l’utilité, la vérité est tout entière du côté du partisan de la justice. Il n’y a rien de solide dans les discours de celui qui la blâme ; il n’a même aucune idée de la chose qu’il blâme.

Aucune, à ce qu’il me semble.

Comme son erreur n’est pas volontaire, tâchons doucement de le détromper. Mon cher ami, lui demanderons-nous, d’où vient la distinction établie entre l’honnête et le déshonnête ? N’est-ce point parce que l’un soumet la partie animale de notre nature à la partie humaine ou plutôt divine, et que l’autre assujettit à la partie sauvage celle qui est apprivoisée ? N’en conviendra-t-il pas ?

Oui, s’il veut m’en croire."

https://fr.wikisource.org/wiki/La_République_(trad._Cousin)/Livre_neuvième

Il y a beaucoup de justes sur ce forum. Very Happy

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Message par Yolo Ven 20 Jan 2023 - 10:46

wow Merci pour ces partages.

Il y a une complexité astronomique dans l'affaire de l'identification. Celle-ci se présente et se développe depuis l'Age ou l'ego nait.De ce fait, a un point du parcours plus eloigné,l'habitude ou les habitudes sont rituel de vie.Au point ou, comme stipulé, cela est un automatisme.
A travers les réactions, les pensées, les gestes,les emotions,un tout en fait.Si l'on prend en compte les années de répétitions, la tache se trouve encore plus ardue.

Se detacher,se séparer n'est pas chose aisé.Cela bouscule tout un système qui englobe d'autres sous-systèmes de fonctionnement.Alors non ce n'est pas impossible mais pour ajouter une certaine difficulté,les acteurs de son monde jouent également ces rôles et la tendance a se faire absorber par le ou les mouvements sont très tentantes .Pourquoi?l'identification de beaucoup de chose qui peut se trouver nourrit et donc grandit afin seulement d'avoir l'illusion de trouver sa place. D'être accepter dans un jeu ou finalement la souffrance en est le maitre.Dans la souffrance ,la peur règne et très souvent l'une des principales est celle du rejet.Elle nous est inculquée aux travers de nos éducations,deja dans l'enfance.

Ne serait-ce finalement une blessure d'amour?

Tout de suite,au travers de nos différents échanges, même si la compréhension se présente qu'elle soit partielle ou pas,il est presque impossible de ne pas se demander comment sortir de ce brouillard.Comment,finalement,en finir avec tout ça?

Alors oui La Désidentification. Un tout petit mot qui pourtant en dit tellement long. Peut-être que je me trompe mais c'est aussi donc un détachement et dans ce détachement fut gouter une sorte d'absence.Jusqu'ici ok,mais par exemple,il n'y a plus rien a dire,plus de forum,plus d'émotions variables,plus d'avis et presque plus d'échange comme c'est entendu.
Cela peut faire peur car il y a destruction des images,le fameux je suis rien derrière lequel se cache je suis tout mais pas ce que je crois.Un peu tordu mais possible que ça colle.
Est-ce que finalement se ne serait pas un jeu entre le soi et le moi,un échange entre eux permettant de garder sa vrai place?Meme si cette question parait juste,on en vient a quelle est sa vrai place?Il y a cette sensation de tourner autour du pot sans jamais y entrer.

Quel est l'élément déclencheur de tout ça?Ce petit rien qui débouche sur un effet boule de neige.La pensée,dite-moi je me trompe.Une petite pensée de départ change ou crée un monde mais encore ce n'est pas suffisant dans le sens ou dans une pratique,comme l'assimilation de schemas,le procédé demande a être rappelé,martelé et tout ça au milieu d'un monde déjà fabriqué.


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Message par ness Ven 20 Jan 2023 - 12:17

gurdjiieff a écrit:« [...] En Orient, où l'on fume le haschich et d'autres drogues, il arrive souvent qu'un homme s'identifie à sa pipe au point de se considérer lui-même comme une pipe. Ce n'est pas une plaisanterie, mais un fait. Il devient positivement une pipe. Voilà l'identification. Mais pour en arriver là, le haschich ou l'opium ne sont pas du tout nécessaires. Regardez les gens dans les magasins, les théâtres ou les restaurants. Voyez comme ils s'identifient avec les mots quand ils discutent ou essaient de prouver quelque chose, particulièrement quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Ils ne sont plus que désir, avidité, ou paroles : d'eux-mêmes, il ne reste rien."
[/quote]
Franchement s'identifier a une pipe avec de l'opium.. Smile c'est gâcher la marchandise!
Je trouve quand même que ce texte est une façon d'effacer l'ego, et par ce biais d’anéantir toute volonté personnelle: scratch
Cela rejoint beaucoup de "courant de penser" orientaux qui visent à faire supporter aux gens leurs conditions humaine en les mettant sur "pause."

gurdjief a écrit:. Ces ‘exigences’ se fondent à leur tour sur la notion complètement
fantastique que les gens ont d'eux-mêmes, ce qui arrive très souvent, même
avec des personnes d'apparence très modeste. Quant aux écrivains, acteurs,
musiciens, artistes et politiciens, ils sont presque sans exception des
malades. Et de quoi souffrent-ils? Avant tout, d'une extraordinaire opinion

il nous reste plus qu'a mettre un uniforme et a devenir tous pareil..sans musique, sans poésie,sans écrivains, on va être dans un monde linéaire d'une platitude absolue.
Reste t il une seule émotion? dans ce courant de penser, hormis celle de nous faire penser  que tout le monde est malade?

Barbe rousse a écrit:Un pareil ouvrage demande un artiste habile. Mais. comme la pensée se laisse manier avec plus de facilité que la cire, ou toute autre matière, voilà qui est fait.
Voila qui est une bonne définition!
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Message par ness Ven 20 Jan 2023 - 12:26

Prof x a écrit:Cette notion d'identification ne vient bien sur pas de moi , je vais donc citer quelques passages de différents ouvrages qui en parlent , on peut s’apercevoir que cette notion n'est pas si compliquée à comprendre , par contre elle peut être difficile à accepter .

C'est clair!
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Message par Sowhat Sam 21 Jan 2023 - 14:04

ness a écrit:Je trouve quand même que ce texte est une façon d'effacer l'ego

On ne peut pas effacer l'égo, qui est la conscience de soi. Mais l'égo se comporte comme un tyran si il n'est pas remis à sa juste place.

ness a écrit:[...]et par ce biais d’anéantir toute volonté personnelle: scratch

La volonté personnelle est justement ce qui est à démystifier. Il n'y a pas de volonté personnelle tant que l'égo se prend pour le capitaine du bateau.

ness a écrit:Cela rejoint beaucoup de "courant de penser" orientaux qui visent à faire supporter aux gens leurs conditions humaine en les mettant sur "pause."

Cette "pause" est un retrait nécessaire de l'imbroglio généralisé, pour justement se retrouver et ne plus être en confusion avec les autres. C'est ce que l'on nomme l'individuation.

ness a écrit:il nous reste plus qu'a mettre un uniforme et a devenir tous pareil..sans musique, sans poésie,sans écrivains, on va être dans un monde linéaire d'une platitude absolue.
Reste t il une seule émotion? dans ce courant de penser, hormis celle de nous faire penser  que tout le monde est malade?

Il faut au départ intégrer nos similitudes pour pouvoir au final exprimer nos particularités.
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Message par Le manège enchanté Sam 21 Jan 2023 - 14:32

Peut-être que la parole des toltèques pourrait se révéler intéressante concernant le sujet de l'identification.

Don Juan, le maître de Castaneda disait en effet ceci, que les êtres ordinaires faisaient tout comme les sorciers des inventaires ; la seule différence entre les deux, c'est que l'homme ordinaire s'attache à ses inventaires, alors que les sorciers ne s'y attachent pas.

Autrement dit, si je peux me permettre cette mise en relation, tout le monde s'identifie dès l'instant où il y a affirmation et plus généralement action. Mais ce dont parle Don Juan, c'est de cette capacité à se détacher de cette identification une fois que celle-ci se sera exprimée.

Et c'est là qu'à mon avis l'Intention (grand I) joue un rôle important, car si aucune intention plus vaste que celle qui nous a conduit à une affirmation n'a été perçue, alors l'affirmation peut en venir à être considérée comme une fin en soi. Mais si celle-ci n'est considérée que comme provisoire et de surcroît comme étant au service de cette Intention (grand I), alors il me semble beaucoup plus simple de manifester cette capacité à s'en détacher.
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Message par ness Dim 22 Jan 2023 - 10:45

Lors d'une méditation trés poussée, je suis devenue un arbre..
je ne me suis pas identifiée a un arbre, je suis devenue l'arbre, et mes cellules se sont mélangées aux siennes.. c’était extraordinaire.
Pour moi, c'est d'abord un déconditionnement, total, puis une extrême concentration qui va ouvrir toutes mes cellules, puis c'est la transformation;
Suis je un arbre? non.
mais j'ai ressenti ce que c'était que d’être un arbre, et pour cela j'ai du me dépersonnaliser.
C'est un état qui n'a pas vocation a devenir une finalité.
Ou alors de l'ashram on passe a l'asile. Smile
Dans le tai chi on échappe aussii a tout identification par une extrême concentration, et on devient l’énergie uniquement.Un peu comme le derviche tourneur qui s’échappe un moment de lui meme,(la séparation) pour une rencontre divine; il ne s'identifie pas a Dieu pour autant.

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Message par ness Dim 22 Jan 2023 - 10:51

Sowhat a écrit:Il faut au départ intégrer nos similitudes pour pouvoir au final exprimer nos particularités.

Je pense que c'est dans le même temps, nous sommes comme les arbres de la foret, on a la sensation qu'ils sont tous pareil, mais pourtant chacun est différent. c'est le paradoxe.
"regler son égo", c'est un peu comme dans la morale religieuse, finalement, sauf qu'ici il n'y a pas de Dieu.
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Message par Barbe Rousse Lun 23 Jan 2023 - 14:21

ness a écrit:Lors d'une méditation trés poussée, je suis devenue un arbre..
je ne me suis pas identifiée a un arbre, je suis devenue l'arbre, et mes cellules se sont mélangées aux siennes..  c’était extraordinaire.
Pour moi, c'est d'abord un déconditionnement, total, puis une extrême concentration qui va ouvrir toutes mes cellules, puis c'est la transformation;

Bravo!
Fais la même chose avec l'Univers (tout ce qui t'entoure).

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