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Les dégats du féminisme
Le féminisme au delà des dérives que l'on peut constater (toute bonne chose étant toujours pervertie à un moment donné) est né avant tout pour redonner une certaine place aux femmes qui ne l'oublions pas ont, dans un passé pas si lointain que cela, été considérée comme des êtres sans âmes. Dans certains pays comme le Japon les femmes n'ont pas encore retrouvé a liberté d'être et j'ai appris cela la toute première fois par ma fille qui a étudié le Japonais qui a des amis en France et au Japon et qui est déjà allée là bas en famille une première fois et en aussi voyage avec sac à dos où elle a ressenti le regard désapprobateur des hommes. J'ai vu bien plus tard un reportage qui confirmait ce qu'elle en disait.Voici un article tout frais sur ce sujet
Japon. Ni lolita, ni mère, le nouveau féminisme nippon
Vendredi, 18 Janvier, 2019
Lina Sankari
- Spoiler:
Sous le hashtag #StandUpJapan, un mouvement remet en cause la place des femmes dans la société japonaise et dénonce leur hypersexualisation ou leur astreinte au foyer.
Maho Yamaguchi est l’archétype de la pop star japonaise. Infantilisée à souhait, la poupée de 23 ans aux frous-frous rose bonbon et uniformes de lycéennes a été contrainte par son management de s’excuser, cette semaine, « d’avoir causé des ennuis » à son groupe, NGT48, en évoquant l’agression dont elle avait été l’objet à son domicile. Ses deux prédateurs, qui l’ont tout de même immobilisée au sol, ont été relâchés par la police après avoir expliqué qu’ils souhaitaient simplement lui parler. À la suite d’une pétition en ligne, l’agent de l’idole a depuis été remercié mais l’affaire éclaire à plus d’un titre le traitement réservé aux femmes dans la société japonaise.
La semaine passée, un autre scandale a secoué l’archipel alors que le tabloïd Shukan Spa publiait un classement des cinq universités où les étudiantes seraient les plus disposées à avoir des relations sexuelles après avoir bu. Dans le même numéro, la rédaction a cru bon de prodiguer des conseils à ses lecteurs pour convaincre les femmes qui s’opposent à leurs approches et reconnaître les filles « sexuellement accessibles » en fonction de leur tenue.
Des changements en cours au sein de la nouvelle génération
Le numéro a provoqué des réactions en chaîne. Scandalisée, Kazuna Yamamoto, une étudiante tokyoïte, a d’abord lancé une pétition, qui a recueilli des dizaines de milliers de signatures, afin d’exiger des excuses du magazine. « Je veux que les gens comprennent que la sexualisation et associer la femme à un objet n’est pas une blague et ce n’est pas drôle. Et si votre fille étudiait dans l’un de ces cinq établissements ? Et si l’un de ses camarades lisait l’article sur l’alcool pour rendre une fille inconsciente ? » interroge Kazuna Yamamoto, dans une adresse directe aux responsables de la publication.
Les hashtags #StandUpJapan et #BastaJapan se sont chargés de faire le reste. Dans une vidéo, l’étudiante dénonce les violences sexuelles quotidiennes. « Seules 18,5 % des femmes signalent des agressions sexuelles ou des viols. Qu’en est-il des 81,5 % restantes ? Elles ne parlent pas. Elles ne peuvent pas parler. Pourquoi ? Parce que l’agression sexuelle, des hommes ordinaires qui vous touchent les fesses dans les transports publics, le fait d’avoir leur entrejambe dans les fesses, le viol, sont des choses auxquelles les Japonaises doivent faire face. Parce que nous utilisons des filles mineures en bikini pour accomplir le fétichisme de ceux qui aiment les visages de bébé. Parce qu’on idolâtre les jeunes filles. »
Face à la déferlante, le tabloïd a été contraint de s’excuser dans un communiqué mais la vague semble désormais incoercible. La pression qui s’exerce pour contraindre les femmes au silence a, elle aussi, explosé en vol. Les féministes demandent désormais à la rédaction de publier un article sur le consentement quand une enquête, réalisée en 2017 par le Bureau de l’égalité des sexes, montre qu’une Japonaise sur treize déclare avoir subi une agression sexuelle. La création du mouvement Voice Up Japan par Kazuna Yamamoto concrétise ainsi les changements en cours au sein de la nouvelle génération.
L’été dernier, un premier assaut pour l’égalité salariale avait gagné les réseaux sociaux sous le hashtag #WatashiMoEvidence (Je suis aussi une preuve). Les témoignages de travailleuses gagnant moins que leurs collègues au même poste se sont multipliés. D’aucuns dénonçaient également le plafond de verre auquel se heurtent les salariées dans l’avancée de leur carrière ou dans l’accession à des responsabilités. Parmi les sociétés japonaises cotées en Bourse, seules 3,7 % ont des dirigeantes. 73 % des entreprises n’ont en outre aucune femme dans leur direction. Comment pourrait-il en être autrement lorsque le député de la majorité Kanji Kato s’autorise à dire publiquement que les femmes célibataires constituent un fardeau pour l’État ? Dans sa vision de la société, les Japonaises devraient avoir trois enfants pour remédier à la baisse de la natalité et au vieillissement de la population. Il a lui aussi dû présenter ses excuses. Ses propos illustrent néanmoins à quel point les femmes restent indésirables dans le monde du travail. Et la création par le premier ministre, Shinzo Abe, en mars 2014, d’un conseil pour la promotion de l’emploi des femmes, avec pour objectif qu’elles aient 30 % des postes de direction en 2020, n’y aura rien fait. Cette vision idyllique où « les femmes brillent », selon ses propres mots, résiste mal à la réalité.
60 % des Japonaises arrêtent de travailler une fois mariées
Il existe en effet une « quasi-obligation morale dont se sentent investies les femmes d’abandonner leur travail pour s’occuper de leur enfant. Les impératifs d’éducation sont tels que, de facto, les mères quittent leur emploi, si ce n’est au premier enfant, au deuxième, pour s’occuper de leurs protégés, laissant aux pères le soin d’alimenter le compte en banque », note Karyn Nishimura-Poupée dans son essai sociologique les Japonais. 60 % des Japonaises arrêtent ainsi de travailler une fois mariées. Après le premier enfant, la proportion s’accroît encore. Au-delà de l’idée selon laquelle la réussite d’un enfant est liée à la présence de la mère, le manque de crèches gratuites ne contribue pas au maintien des salariées dans leur emploi. Les budgets publics consacrés aux personnes âgées restent en outre supérieurs aux allocations familiales. Entre la lolita kawaii (mignonne) et la mère de famille préparant consciencieusement les repas dans des bentos pour sa progéniture, une nouvelle génération de féministes est aujourd’hui résolue à faire entendre sa voix.
- le Ven 18 Jan 2019 - 22:29
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- Sujet: Les dégats du féminisme
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