Swami Prajnanpad - Un maître contemporain.

Qui était Svami Prajnanpad ?


Svâmi Prajnânpad est un maître indien contemporain (1891-1974) dont l’enseignement, plongeant ses racines dans la tradition indienne la plus ancienne, éclaire d’une manière entièrement nouvelle le cheminement de celui qui aspire à connaître la vérité.
Formé aux disciplines scientifiques, Svâmi Prajnânpad réconcilie science et tradition, approche matérialiste et spirituelle. Svâmiji, dans un souci d’efficacité pratique, se réfère constamment à l’expérimentation, rejette tout recours à une autorité quelle qu’elle soit, mais n’hésite pas à utiliser toutes les méthodes permettant de libérer le disciple de ses blocages émotionnels.

Svâmi Prajnanpad n’a jamais écrit de livre ni fait de conférence, il  accordait des entretiens individuels à un petit nombre de personnes (dont neuf  français). Il répondait à leurs lettres. Certains de ses entretiens ont été enregistrés.

Pour tous ceux qui l’ont approché il rayonnait d’amour et d’intelligence. Voici ce qu’ il disait de son état :

« Dans la vie du monde on saisit toujours un objet particulier. Mais qu’arrive-t-il quand on sent et qu’on réalise qu’il n’y a rien à saisir ? Il y a une disparition complète de la conscience du monde et quand  ce sentiment  se cristallise, on sent : « tout est à moi, tout m’appartient ».  L’éveil n’est rien d’autre que cela. »

Entretien  5/8/1966.


« Vous sentez : ce que j’avais à faire  je l’ai fait, ce que j’avais à obtenir  je l’ai obtenu, ce que j’avais à donner je l’ai donné .»

Entretien 25/1/1963.

https://www.svami-prajnanpad.org/

Swamiji dit la vie comme elle est, difficile, douloureuse, inconsolable. Et c’est la seule consolation qui vaille. Un philosophe ? Bien mieux : un sage – aussi grand que ceux de l’Antiquité, tout en étant pleinement de son temps.

Né en Inde, dans une famille de brahmanes, il est l’un des premiers lecteurs orientaux de Freud, dont il adapte l’enseignement. Il invente, entre « vedânta » (Pensée qui affirme l’identité de la conscience individuelle et de la conscience universelle.) et psychanalyse, un style de psychothérapie qui devient une aventure spirituelle.

Rien de religieux pourtant chez lui : il ne célèbre aucun Dieu, n’impose aucun rite, ne promet aucun paradis. La spiritualité, dit-il, n’est qu’un autre nom pour l’indépendance.

Pas d’autre prière que l’attention. Pas d’autre salut que l’amour et l’action. Il m’apprend à voir la vie telle qu’elle est, et à l’accepter toute. C’est mon maître de sagesse et de lucidité.


Vivre au présent

Ce qui fut n’est plus, ce qui sera n’est pas encore. « Qui crée alors le passé ou le futur ? Seulement le mental. » Nous sommes prisonniers du passé, par l’inconscient, et de l’avenir, par l’attente.

« Le passé insatisfait enserre le présent dans ses griffes », et nous voue à l’espérance, donc à une nouvelle insatisfaction. L’espoir et la peur sont les plus grands ennemis de l’homme : parce qu’ils nous séparent du présent, du réel, de tout, parce qu’ils nous enferment dans l’avenir et l’ego.

On ne peut y échapper qu’en se libérant du passé. Ainsi la liberté et l’éternité vont ensemble.

Différence et changement

Tout est différent toujours : il n’y a pas deux grains de sable identiques, ni deux mentals semblables. C’est ce qui nous voue à la solitude : « Personne ne peut agir suivant le désir de quelqu’un d’autre ; chacun est différent et séparé. »

C’est aussi ce qui nous voue au changement, qui n’est que la différence dans le temps. Deux instants successifs ne sont jamais identiques : « Tout change à chaque instant. Ce n’est qu’un courant qui s’écoule. » Il n’y a pas d’êtres ; il n’y a que du devenir.

C’est ce que l’ego refuse : il voudrait « rester intact » et ne le peut ; il s’interdit de vivre, pour ne pas mourir.

Le refus et l’émotion

Qu’est-ce que le mental ? Toute pensée en nous qui souhaite autre chose que le réel. C’est le contraire de la vérité. C’est « mâyâ » (« l’illusion »). Comment savoir alors si l’on est dans la vérité ou dans le mental ? Par la présence ou l’absence d’émotion.

L’émotion est le critère : si je suis ému, c’est que je superpose au réel autre chose que ce qu’il est (mon désir, mon refus, mon attente), qui m’en sépare et m’enferme dans le mental. Il faut donc accepter l’émotion, pour s’en libérer.

Voir, accepter, agir

Le contraire de l’illusion, c’est la vérité. Le contraire du mental, c’est voir. Ne pas penser, ne pas interpréter, ne pas juger, ne pas comparer, mais voir ce qui est comme cela est. Aucun jugement de valeur. Aucun refus. Aucune émotion (il n’y a plus que des sentiments).

Accepter ce qui est. C’est la seule façon de le transformer. « Restez dans le présent : agissez, agissez, agissez ! » Et lorsque l’on n’arrive pas à accepter ce qui est ? Alors l’émotion est là, qu’il faut donc accepter. Ni refus ni dénégation. Ni espérance ni regret. Cela passe par la connaissance de soi, et par l’acceptation de soi : « Accept yourself and be happy » (« Accepte-toi et sois heureux »).

Etre un avec tout

L’expérience spirituelle la plus haute est celle de l’unité. Nous ne sommes séparés de tout que par le mental – que par nous-même. La vérité, au contraire, nous unit : parce qu’elle est une, parce qu’elle est universelle, et parce qu’elle est infinie.

Il ne s’agit pas de brimer l’ego, mais de l’ouvrir : devenir comme « un cercle devenu si large qu’il ne peut plus rien entourer, un cercle d’un rayon infini : une ligne droite ! ». Alors seulement le bonheur peut advenir. Il n’y a pas d’ego heureux, ni de bonheur égoïste. Il faut donc se libérer du moi, pour s’ouvrir à tout. C’est le chemin de la sagesse. C’est le chemin du bonheur. « Pour aller où ? Là où vous êtes. Tout est ici et maintenant. »


Swami #Prajnanpad

Lys, je te souhaite un bon séjour et une belle expérience.

J’ai beaucoup exploré l’ouvrage et les transmissions d'Arnaud Desjardins.

En parallèle, j’ai eu l’occasion de vivre une période extraordinaire dans les années 1975, 
mes années du bac... dans l’ermitage du Père Jean ( Dechanet) qui était un pionnier du trans-religieux associant racines chrétiennes et culture bouddhiste 

La voie du silence 
Yoga chrétien en dix leçons 

https://www.le-livre.fr/livres/fiche-ro80144984.html

C’était la présentation de ses ouvrages dans les années 1970:

«  Un signe de la déshumanisation de notre temps, c'est que nous traitons notre corps comme un objet, car nous avons oublié sa sagesse. Aussi résistons-nous fort mal à l'agression permanente de la civilisation industrielle, à ses bruits, ses images, qui font de nous des êtres désaccordés. Pour retrouver l'accord et la faculté d'attention, condition préalable de toute vie spirituelle authentique, un moine s'est servi des techniques du yoga, et ce yogin du Christ nous indique la Voie du silence, c'est-à-dire la voie de la prière contemplative »


A l’époque il avait eu des soucis avec sa hiérarchie car le yoga, la méditation orientale, c’était pas chrétien...


J’ai gardé son livre sur le yoga dédicacé par lui et par toute l’équipe des participants à la construction d’un nouveau chalet dans son ermitage alpin de l’époque.

«  Vas où ton cœur te mène... Vas, mais reviens. »

Une part en moi y est toujours.

Et la conjoncture nous y ramène.

Merci à toi Lys, je découvre Svâmi Prajnanpad, et c'est pas mal du tout !

Merveilleux sage que ce Swami Prajnanpad, bien sûr, Lys.
J'ai connu Desjardins, que j'ai rencontré plusieurs fois, mais c'était il y a bien longtemps, du temps de Font d'Isière, avant Hauteville.
Je n'ai pas connu le Bost, par contre. (le 1er ashram de Desjardins).
J'ai eu un lien subtil, court mais fort avec Desjardins. J'ai des raisons personnelles de penser qu'il était parvenu "au point de non-retour".
Il changeait régulièrement d'ashram pour obliger les chercheurs à se remettre en question, pour qu'ils cherchent du travail et restent indépendants. (donc, pas de vie monastique en tant que fuite de la vie ).

Comme l'exprime l'excellente préface d'Alexandre Jollien, cette voie de Prajnanpad est très complète :
- Instrospection intérieure, "lying", qui met l'accent sur la purification de l'inconscient, sinon on avance pas, ou mal. 
- vie méditative en ashram
- retour dans le monde pour vérifier que tout est bien assimilé 
- Don de soi au monde, don total, pas de frilosité égoiste et recroquevillée sur soi-même, comme dans le new age.
- chemin actif en solitaire
- rencontre des Maitres et Grâce à recevoir

Il n'y a donc pas de place pour les caprices infantiles du mental. ("ha, moi j'veux pas de vie monastique, ni de communauté" ; "ha moi j'veux pas rencontrer de maitre" etc).
TOUT était important et essentiel.

Je suis très heureuse pour toi Lys , que tu puisses séjourner à Hauteville !!
Dans le temps un ami avait écrit pour y passer quelques temps et cela lui avait été refusé car il fallait de bonnes motivations
Voilà une riche et belle expérience à venir pour toi et en voilà une que j'aurais bien voulu faire ! mais j'en ai eu d'autres , c'est ainsi

bonjour Lys,
c'est maintenant pour toi que tu as le besoin de t'isoler et de te concentrer a ta spiritualité, et je te souhaite un bon séjour.. c'est tellemnt bon pour le coeur et l'esprit!
et tu sera aussi clair que l'eau de la riviere qui descende de la montagne, Lys,
a bientot.. bises.

Une belle opportunité d'évolution et de retour sur soi que tu t'offres là. Passe témoigner de la richesse du vécu à ton retour si tu veux bien

Lys a écrit:Peut être une autre fois Isaura, mon séjour fut avant tout un voyage intérieur alors j'aimerais garder cette intime retrouvaille pour moi pour le moment.

Ce témoignage exprime bien toute la richesse de cette expérience.

Garde la profondément dans ton cœur.

Lys a écrit:" Les lettres sont écrites avec des mots et ces mots sont porteurs de sens. Mais quand le lecteur voit les mots, il leurs donne le sens qu'il porte déjà en lui. Et il passe ainsi à côté du sens des idées exprimées au travers de ces mots par celui qui les a écrits. Il est évident que tant que le lecteur n'a pas le même sens ou n'a pas les mêmes idées que celui qui écrit, il passe à côté de ce qu'on lui écrit et donne aux mots le sens et les idées qui sont les siens. "


Vers la réalisation de soi, p. 239.

Excellent.
Quand on a comprit un minimum sa relation entre soi et le monde, on comprend aussi sa relation avec ce qu'on lit, puisque ce qu'on lit se trouve dans le monde.

Et comme je ne me lasse pas de penser que ce qui est nouveau pour nous c'est très souvent de l'ancien redécouvert, et donc approfondit, réexpliqué dans le langage moderne, le swamyji m'a tout l'air d'être d'accord avec l'Oracle d'Ammon rapporté par Socrate, quand bien même Prajnanpad ne le savait pas :

« Et vraiment il ignore l'oracle d'Ammon, s'il croit que des discours écrits soient quelque chose de plus qu'un moyen de réminiscence pour celui qui connaît déjà le sujet qu'ils traitent. »

Platon - Phèdre 275 d